La parité hommes-femmes dans l’industrie automobile

En 2023, l’équité des genres dans le secteur automobile est loin d’être atteinte au Québec. Nous avons fait le point sur ce sujet qui demeure délicat.

Les chiffres ne mentent pas. Selon une étude relevée dans un article du Journal de Montréal, les femmes ont 22% moins de chances d’obtenir un emploi dit masculin, comme ceux que l’on retrouve en grand nombre dans le secteur automobile.. Des statistiques tirées du site de la Corporation des Concessionnaires du Québec (CCAQ) montrent aussi que les femmes représentent uniquement 18% de la main-d’œuvre de l’industrie automobile. Ce chiffre serait encore plus bas pour les métiers spécialisés, comme la carrosserie avec un taux de présence féminine de 2.5%. 

Les statistiques ne sont pas meilleures au niveau des conditions salariales Selon le journal Le Soleil, les femmes occupant un poste lié à la mécanique ne gagnent en moyenne que 89% du salaire d’un homme lors de la première année d’embauche, et à plus long terme que 82% de la rémunération hebdomadaire de leurs collègues masculins. Qui plus est, les femmes, perdent 8% de leur salaire, car on ne leur donne pas autant d’heures de travail que les hommes.

Une amélioration de la parité en dents de scie

Le problème de parité hommes-femmes s’étend bien au-delà du secteur automobile. Au cours des 20 dernières années, cette situation inégalitaire s’est tout de même considérablement améliorée au Québec dans plusieurs corps de métiers. Entre 2000 et 2020, l’écart entre les salaires s’est réduit de 8% en moyenne. Malheureusement, la pandémie a renversé la tendance pour 2020 et 2021, et l’écart est passé de 92% à 90.8%.

Mais l’objectif de L’ONU d’atteindre la parité des revenus entre les hommes et les femmes pour 2030 au niveau mondial est-il réaliste ? Le gouvernement Legault a bien annoncé en 2022 un investissement de 70 millions de dollars sur cinq ans pour financer des travaux visant à promouvoir l’égalité homme-femme dans les milieux de travail, mais il est encore difficile de croire que la parité sera atteinte en 2027. 

Il faut aussi tenir compte d’autres facteurs, comme le manque de représentativité des femmes à des postes de direction, le manque de diplomation dans les domaines manuels, scientifiques et technologiques, le poids de normes sociales et culturelles qui confinent encore les femmes à des métiers considérés comme féminins, ainsi que l’automatisation des chaînes de production, qui pourrait encore creuser un écart entre les genres masculins et féminins, notamment dans le domaine automobile. C’est ce que la firme McKinsey & Company a d’ailleurs fait ressortir dans un rapport sur la parité au Canada en 2019.

Comment remédier à l’inégalité ?

Le rapport de McKinsey & Company contient aussi des pistes de solution pour enrayer les inégalités salariales homme-femme. Tout d’abord, on note que les femmes devront prioriser les domaines d’emplois du futur, afin qu’elles soient mieux représentées parmi les postes cadres des nouvelles industries qui naîtront au cours des 10 prochaines années. Elles doivent prendre leur place dans ces filières le plus tôt possible, afin d’occuper des postes de gestionnaires et aient un impact sur l’embauche des entreprises de demain.

Dans l’industrie automobile, de nombreux métiers exigeants physiquement sont encore  davantage occupés par des hommes. Mais ils risquent fort de disparaître au profit de métiers plus technologiques et de l’automatisation. Les transports intelligents du futur, des voitures électriques aux véhicules autonomes, devraient chambouler les choses. Ainsi, bien que les femmes ne possèdent pas toujours une grande force physique, les changements à venir pourraient tout à fait les servir et augmenter leur nombre dans le secteur automobile.

Les femmes peuvent également compter sur le travail, en arrière-scène, de plusieurs organismes pour améliorer leur représentation. Oxfam a par exemple publié en février 2020 un rapport contenant plusieurs moyens efficaces pour atteindre la parité. On y suggère l’implémentation de quotas gouvernementaux plus sévères pour encourager le recrutement des femmes. On y indique aussi de rendre disponibles des incitatifs financiers, d’implanter plus de mesures favorisant la conciliation travail-famille, et de beaucoup plus favoriser la présence des femmes en politique pour leur permettre d’influencer les processus décisionnels gouvernementaux. 

Finalement, même si la situation professionnelle des femmes s’est améliorée au cours des dernières années, il reste encore beaucoup à faire pour atteindre la parité, notamment dans le secteur automobile. Un effort de société nécessaire, mais porteur à long terme !

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